Le 24 juin 2014 se déroulait une discrète première réunion publique en vue de la révision du Plan Local d’Urbanisme de notre ville. Le "diagnostic" a été présenté à un public restreint, ce qui ne posait aucun souci au maire puisqu’il rappelait, dès le début de la réunion, qu’elle n’avait lieu que parce qu’elle était obligatoire.
Pourquoi attendre la concertation pour construire le projet ?
La présentation du diagnostic s’articule autour de différentes thématiques qui cherchent plus à justifier le projet municipal qu’à construire un dialogue sur le devenir de la ville. Le projet quasi ficelé est d’ailleurs présenté à la fin du document sans attendre le partage du diagnostic avec les habitants ou même le débat sur le Projet d’Aménagement et de Développement Durables (PADD ) pourtant prévu en novembre.
Ainsi, alors que le processus est sensé démarrer, les intentions et les politiques prioritaires de la municipalité à l’horizon 2030 sont déjà fixées comme le montre la carte de synthèse ci dessous.

Oubliées les promesses de conseils de quartier et de concertation
La démocratie a parlé et le maire a été ré-élu sur ses promesses d’être à l’écoute des besoins des robinsonnais. Quel dommage de ne pas avoir profiter de ce diagnostic pour se concerter avec les habitants, faire vivre la démocratie locale et créer au passage les conseils de quartiers promis (certes depuis 3 mandats) plutôt que de mener une discrète réunion publique à l’issue d’un diagnostic rapide.
Les promoteurs auraient sans doute un peu attendu... mais les associations de quartier, à qui il a été fait tant de promesses lors de la campagne, auraient répondu présent !
Un diagnostic pauvre ou orienté
Plusieurs points semblent pourtant pouvoir être mis aux débats sans polémique politicienne...
Ni le SDRIF , ni le Grand Paris, ni la CAHB ne demande une forte densification du Plessis-Robinson(surtout en considérant l’explosion démographique des dernières années) notamment parce qu’à l’échelle régionale, la Ville est particulièrement mal desservie par les transports en commun malgré l’arrivée imminente (T10) ou plus tardive (T6) de tramways.
Ni le SDRIF , ni le Grand Paris, ni la CAHB ne remettent en cause la vocation industrielle du secteur NOVEOS qui est au contraire défini comme stratégique par le SDRIF et comme un bassin d’emploi structurant par la CAHB .
Le découpage du territoire est trop "administratif" et trop éloigné de la vision du quartier des Robinsonnais pour permettre une analyse fine. Certains quartiers recouvrent le 1/4 de la ville mettant ainsi dans le même bateau des habitants qui ne partagent aucune problématique. Par ailleurs, aucune statistique de proximité (pourtant si essentielle pour caractériser le quartier et son devenir) ne vient étayer le document.
L’emplacement du futur lycée (à la place du parc technologique) n’est pas évoqué alors qu’il est une composante essentielle du Plessis-Robinson de demain.
La population du Plessis-Robinson est jeune et rajeunit au fur et à mesure de l’arrivée de nouveaux Robinsonnais. Le document fait l’impasse sur la situation des équipements scolaires et sur leur capacité (localement au niveau de chaque quartier pour les écoles et globalement au niveau de la ville pour les collèges et le lycée) à accueillir nos enfants.
La ville s’est fortement développée (+30% de logements en 15 ans) et le maire semble vouloir la développer plus encore oubliant qu’il était contre lors du vote du SDRIF .
La mixité sociale du Plessis-Robinson s’estompe. Aujourd’hui, employés et ouvriers ne représentent plus qu’un tiers des habitants. Les jeunes actifs s’installant au Plessis ont de plus en plus de mal à rester en ville du fait de l’augmentation de l’immobilier et de la prédominance d’appartements de type T2/T3 dans les nouvelles résidences.
Même si le respect de la loi SRU ne fait aucun doute, l’absence de statistiques par quartier du logement social ne permet pas de statuer sur la réelle mixité de notre ville. Le nombre de logements sociaux évoqué par la ville (5279) est d’ailleurs très éloigné de celui fourni par la préfecture (4242) dans son inventaire du parc des bailleurs sociaux de notre ville.
Comme il fallait s’y attendre, l’Ermitage et le Panoramic ne font déjà plus partie du patrimoine pour la ville.
Alors que les opérations immobilières se multiplient en lisière d’espaces boisés classés ou en limite d’espaces verts, le diagnostic réaffirme la volonté de sauvegarder les espaces boisés et de construire des corridors écologiques entre la vallée aux loups, le parc Henri Sellier et le bois de la solitude.
Le déplacement entre quartiers reste très difficile. Seuls trois axes structurent les déplacements au Plessis-Robinson. Compte tenu de l’attractivité de NOVEOS et de la faible part de Robinsonnais travaillant au Plessis-Robinson, les difficultés de circulation (essentiellement le matin) sont évidentes puisque 40% des transports ne sont faits qu’en voiture et pourtant le diagnostic ne dit rien des "points noirs" de la circulation au Plessis-Robinson.
Les transports propres (et en particulier les pistes cyclables) font à nouveau l’objet de promesses... comme tous les ans depuis 2008. Si le document dresse l’état des pistes cyclables (actuelles et surtout à venir), il ne dit rien sur l’état des locaux à vélos, des points d’attaches en particulier à proximité des équipements publics ou des commerces. Même les nouvelles stations AUTOLIB (pourtant un point positif à mettre au crédit de la majorité) ne sont pas évoquées. Le document ne précise pas non plus l’état des parkings publics (existants ou projetés) qui pourraient servir de relais aux transports publics de notre ville.
Les options concernant l’emplacement du futur Site de Maintenance et de Remisage du T10 ne sont pas évoquées.
Si la ville offre plus d’emplois que d’actifs, seuls 16% des Robinsonnais vivent et travaillent au Plessis-Robinson. Malgré les promesses de "transformer la cité dortoir", ce chiffre est en recul par rapport à 2009 (17%). La majeure partie du bassin d’emploi est concentrée sur le quartier ouest de la ville mais, si la volonté de transformer ce quartier est manifeste, aucun signe ne laisse entrevoir le choix de développer l’emploi dans le reste de la ville.
Le nombre de commerce par habitant reste très faible avec un commerce pour 182 habitants. Ce chiffre est à comparer à la moyenne du département de un commerce pour 70 habitants, ou pour rester dans les communes avoisinantes, à la ville de Sceaux qui compte un commerce pour 72 habitants soit plus du double. Alors que de nombreux commerçants robinsonnais ont du mal à s’installer durablement, le document ne présente aucune statistique sur le sujet de la vacance. Les commerces se concentrent d’ailleurs au cœur de ville et sur l’avenue du général de Gaulle au détriment de commerces de proximité dans les autres quartiers.
Les absents ?
Les thèmes précédents ont eu droit à une analyse, fusse-t-elle incomplète... D’autres thèmes manquent tout simplement à l’appel !
Le diagnostic est exclusivement centré sur la commune. Rien n’est dit sur les projets des communes avoisinantes qui auront pourtant un impact sur le devenir de notre ville :
- Clamart où la nouvelle majorité est arrivée avec manifestement beaucoup de projets en lien avec notre ville (EDF, 906, PAPC...) ;
- Sceaux qui souhaite réaménager le secteur Robinson et notamment le quartier des 4 chemins ;
- Châtenay qui développe plusieurs projets de grande ampleur (Pharmacie, Centrale, ...).
Même si le maire refuse l’idée d’un PLU intercommunal (pourtant issue de la loi ALUR citée dès les premières pages du document), notre ville peut elle se développer de manière autarcique sans prévoir ou envisager les projets voisins ?
Le document ne fournit aucune indication sur les risques naturels (inondation par exemple notamment dans le bas Plessis-Robinson) ou technologiques (notamment dans le quartier Ouest). Si la vocation industrielle de NOVEOS et son relatif éloignement des habitations permettaient peut être de justifier la présence de risques technologiques, qu’en sera-t-il si le quartier devient mixte ? L’évaluation des activités (et des risques associés) des entreprises de NOVEOS semble un préalable indispensable à l’accomplissement du projet municipal dans le secteur Ouest.
Alors qu’il s’agit d’un axe central de tout projet sur NOVEOS , aucune étude ne vient conforter la viabilité économique de l’enfouissement de la ligne THT non seulement au Plessis-Robinson mais aussi à Clamart. Rien n’est dit non plus sur les risques/actions de prévention à mettre en œuvre en cas de maintien des lignes aériennes ou même en cas d’enfouissement.
Alors que l’un des objectifs du PLU est de protéger les habitants des nuisances acoustiques, le diagnostic fait l’impasse sur le sujet. Pourtant, la CAHB définit actuellement son Plan d’Exposition au Bruit et avait donc, à la date de la réunion, établi les différentes cartographies associées au Plessis-Robinson. Elles sont disponibles sur le site des Hauts-de-Bièvre et montrent que les nuisances acoustiques sont, pour l’essentiel au Plessis-Robinson, liées au trafic routier. L’ensemble des axes routiers majeurs du Plessis-Robinson exposent les riverains à des dépassements du seuil de bruit routier.
L’intégration d’un demi échangeur sur l’A86 ne risque-t-il pas d’accentuer les nuisances en ville ?
Quelles seraient les conséquences sur les autres quartiers du Plessis-Robinson de la densification massive souhaitée sur les "quartiers Ouest" ?
L’état de l’accessibilité aux Personnes à Mobilité Réduite n’est absolument pas mentionné. Le PLU révisé viendra en complément du Programme Local de l’Habitat (PLH en révision) et du Programme de Déplacement Urbain de la Communauté d’Agglomération. La loi dite Handicap du 11 février 2005 impose que, dans un délai de dix ans (donc d’ici 6 mois), les transports collectifs soient accessibles à tous et la voirie adaptée aux déplacements des Personnes à Mobilité Réduite.
L’actuel PLH évoque pourtant que « les cheminements pour les PMR sont rendus difficiles pour l’ensemble des déplacements au niveau de la chaussée, des caniveaux, des trottoirs, avec des difficultés de franchissement ; de la luminosité de l’éclairage public, créant de zones de pénombre en cas d’absence ou de trop grand espacement des lampadaires ; du mobilier urbain sur les trottoirs, de la signalisation routière, des étales de commerces avec des difficultés pour les contourner et les détecter : mal voyants/non voyants, voitures d’enfant, fauteuils roulants, etc... » et le dernier état de la situation (mi 2013) ne semblait pas montrer une nette amélioration.
La commune du Plessis-Robinson comporte de nombreux parcs départementaux (Étang Colbert, Bois de la Garenne, Parc Henri Sellier et Vallée aux Loups). Si le diagnostic ne cesse de proclamer la richesse de la biodiversité de notre ville, aucun étude sur la faune ne vient l’étayer. Pourtant, la sur-densification récente et l’arrivée de nouvelles populations a nécessairement eu un impact sur la biodiversité des espèces sauvages vivant dans ces parcs. Comment se dire une ville durable sans évaluer cette faune robinsonnaise et pouvoir ainsi anticiper les conséquences de nos choix de ville ?
La révision du PLU s’accompagne d’une plus discrète révision du Règlement Local de Publicité qui gère le traitement des pancartes, affiches et publicités urbaines dans notre ville. Pourtant le diagnostic est étrangement muet sur le sujet.
La commune du Plessis-Robinson a urbanisé plusieurs hectares d’espaces verts depuis 1990 et densifié considérablement plusieurs autres hectares depuis 2000. Ces espaces ont été imperméabilisés et ne jouent plus leur rôle d’infiltration de l’eau de pluie. Cela n’a-t-il eu aucune conséquences sur l’écoulement de l’eau ? Actuellement, les eaux pluviales (hors quartier Ouest) sont évacuées vers la Seine via deux bassins de régulation : l’étang Colbert puis (en exutoire) le collecteur des Blagis, situé sous l’avenue de la Résistance pour se raccorder dans la Bièvre à L’Haÿ-les-Roses ou être rejetée en Seine à Choisy-le-Roi.
Où en est notre réseau d’eau pluviale suite à l’augmentation de 30% des Robinsonnais en 15 ans ? Même question pour le réseau d’eaux usées ? Puisque le quartier Ouest est très concerné par cette révision du PLU , ne faut-il pas s’interroger sur les collecteurs du PAPC et de la Boursidière qui suivent un chemin différent que cela soit pour les eaux usées qui emprunte un égout unitaire situé sous la route départementale 906 à Clamart avant de rejoindre la station de traitement de Valenton ou pour les eaux pluviales qui rejoignent la Bièvre sur le territoire de la commune de Bièvres ?
A quelques exceptions près, les squares et aires de jeux semblent disparaître depuis vingt ans du Plessis-Robinson. Ils participent pourtant grandement à la qualité de vie des habitants et en particulier des parents de jeunes enfants. Pourquoi le diagnostic n’en fait il pas un inventaire ?